Dans ce numéro des « chroniques du Dr Momo Hubert », une série de questions en rapport avec l’actualité tourmente l’universitaire: À quand la prochaine fête ? À quoi sert la fête sans la vie ? À quand le prochain férié ? Un questionnement qui trotte également dans la tête de plusieurs camerounais en cette semaine de Mai.

On dit souvent et avec raison, « À quoi sert une vie sans la fête ? » Mais on pourrait se poser la question inverse dans un certain contexte : à quoi sert la fête sans la vie ? En fait, un certain rapport à la fête oblige à questionner le rapport que l’on entretient avec la vie. En le disant, je ne pense pas aux fêtes de fin d’année. Je pense à ces autres jours de fête comme le 11, le 14 février qui prennent des proportions incompréhensibles dans un pays où les gens vivent parfois le couteau serré entre les dents. Je pense au 20 mai, qui a une signification nationale et patriotique certaine mais à mon sens (peut-être suis-je un rabat joie), ne semble pas justifier l’effervescence vespérale et nocturne qui s’est durablement installée dans certaines villes. Dans beaucoup de régions, comme le veilleur qui guette l’aurore, les citoyens attendaient la brève épiphanie d’Enéo. Pendant ce temps, les générateurs électriques ronronnaient, les villes et les rues étaient prises d’assaut par une foule bigarrée. La tentation a été forte de poser deux questions à ces fêtards en liesse : Que fêtons-nous aujourd’hui ? Que fêtes-tu ? Des questions que j’aurai dû poser à ces jeunes qui ont été recrutés pour défiler (Soit dit en passant, je pense encore à certains d’entre eux complètement dépités, qui ont émargé avant le défilé pour 2000frs et à la fin de la parade ils n’ont reçu que 1000 frs !!!) Bravo mon cher pays !

Que fêtons-nous aujourd’hui ? Que fêtes-tu ?

Sans vouloir rentrer dans la répression imaginaire et réfléchir à la place des autres, je me demande si les réponses à ces questions offrent de réelles motivations de déchainement festif. Un certain rapport à la fête n’est-il pas que l’expression d’un mal être profond ? Rechercher et créer ces ambiances festives, parfois en pleine semaine cache peut-être mal la volonté de vouloir s’évader d’un quotidien parfois lourd. Et du coup j’ai là une petite réponse à donner à Francis Cabrel qui ne pensait « pas qu’on puisse autant s’amuser autour d’une tombe » Cabrel a peut-être oublié que la dérision en toute chose est l’ultime défi au malheur. Et ça, les camerounais l’ont bien compris.
À quoi sert la fête sans la vie ? À échapper au désespoir et à l’angoisse ?

Chronique rédigée par Dr Momo Hubert

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