De ma petite expérience de journaliste reporter d’images, jamais je n’avais encore vécu en direct ce qui s’est passé à la falaise de Dschang mardi 5 Novembre 2024.
À l’aurore du 5 Novembre 2024, je reçois l’information d’un éboulement qui a bloqué la circulation à la falaise de Dschang. Je me dis d’abord intérieurement « encore cette falaise » ; mais le devoir professionnel m’appelle. J’avais hâte de proposer aux médias audiovisuels avec qui je collabore des images de cette énième hécatombe de la tristement célèbre falaise de Dschang. Dépêché sur les lieux par les équipes d’Equinoxe TV et de Canal 2, je rejoins le site de l’incident à bord d’une moto. J’arrive sur le terrain et j’ai le réflexe de faire des images aériennes de toute la zone. Des engins s’activaient à rétablir la circulation suite au premier éboulement qui a priori semblait presque banal.

Je remarque quand même qu’au sommet de la montagne qui a cédé, la terre est encore entrain de lâcher petit à petit, et en avale les engins sont entrain de travailler. Je continue ma besogne en réalisant des interviews du délégué régional des Travaux Publics, monsieur Etchou Manfred. Toujours dans cet élan de rendre compte aux téléspectateurs de l’ambiance du terrain, je m’approche des engins qui essayaient de rétablir la circulation. Il faut préciser qu’une petite servitude avait été créée et permettait aux motos et piétons de faire des navettes dans les deux sens de la route c’est à dire en venant de Santchou et en venant de Dschang. Des abeilles voltigeaient de part et d’autres et n’hésitaient pas à piquer des passants. Au moment où j’essaie d’avoir le ressenti d’un conducteur de moto qui avait reçu le venin de ces insectes, j’entends d’une voix très grave « oh partez de là! ». Je me suis d’abord dit que probablement c’était juste une parole comme on pouvait en écouter sur le site mais après insistance je lève la tête et remarque qu’un arbre au sommet de la montagne est entrain de s’échouer et des cris de détresse commencent à se faire entendre. À toute vitesse, je longe la route et remonte vers Dschang. Pendant ce temps, des masses de terre chargées de végétation me suivaient on dirait un film d’horreur, certaines voitures stationnées faisaient marche arrière en toute vitesse. 30 secondes après, tout s’arrête et chacun cherche à savoir où se trouve la personne qui était autour de lui avant l’incident. Le délégué Manfred à qui je venais de réaliser une interview me cherchait de toute urgence.

Le confrère du journal local Menouactu qui était arrivé plus tôt en matinée avait prit un moment de répit un peu loin du site. Lorsque le second éboulement survint à la falaise de Dschang, il a eu le réflexe d’immortaliser cet instant. Les images disponibles sur sa chaîne Youtube démontrent à suffisance l’horreur que j’ai personnellement vécue.
Un bilan qui pourrait être lourd
Au moment du premier éboulement à la falaise de Dschang, plusieurs véhicules de transport en commun en provenance de Douala étaient stationnées aux encablures du site en attente d’un rétablissement de la circulation.

Après l’hécatombe, mon drone a sillonné le site et plus de traces des ces véhicules qui avaient pourtant à leurs bords des passagers. Certains engins qui travaillaient notamment le bulldozer et la pelle chargeuse se sont retrouvés à plus de deux kilomètres dans les ravins. Le gouverneur de la région de l’ouest Awa Fonka Augustine arrivé sur les lieux était abasourdi par l’ampleur du déluge. J’ai dû lui montrer les images aériennes réalisées avant le second éboulement pour qu’il les compare à ce qu’il voyait en direct. Dans son interview, l’administrateur avouera être sous le choc. 3 corps ont pu être extraits des terres et un blessé grave transporté à l’hôpital. La facture pourrait être davantage salée ce mercredi 6 Novembre après les fouilles.
Des fouilles à la hauteur du sinistre
Le volume de terre à dégager est considérable. Ce travail nécessitera certainement l’intervention des équipes spécialisées étant donné que la montagne semble ne pas avoir dit son dernier mot et un troisième éboulement à la falaise de Dschang n’est pas à épargner. Une synergie de forces est sollicitée pour non seulement retrouver des véhicules et leurs occupants, mais aussi envisager une solution durable pour rétablir la circulation sur cette route qui relie plusieurs régions du Cameroun étant donné que la voix de contournement par Bafang est dans actuellement dans un piteux état.
Mémoires rédigés par Valdo SIEWE