Après le double éboulement survenu à la falaise de Dschang le 5 Novembre 2024, l’université de Dschang a produit un livre blanc sur la fragilité des sols à l’Ouest. Il s’agit d’une contribution scientifique majeure qui peut permettre aux politiques d’anticiper sur d’autres catastrophes naturelles similaires. À côté de ces solutions scientifiques, les traditions ancestrales africaines sont de plus en plus évoquées pour une réouverture de la falaise.

Depuis la fermeture de cette route qui relie plusieurs régions du Cameroun en Novembre dernier, la souffrance des populations a atteint son paroxysme avec un effet démesurément grand, particulièrement sur l’économie des régions de l’ouest, du Nord-ouest et du littoral. La falaise de Dschang a cristallisé toutes les attentions par cette énième hécatombe. La réouverture de cette voie n’est pas une mince affaire pour les pouvoirs publics surtout lorsqu’il est établi que sur le trajet, il y a plusieurs autres endroits enclins aux éboulements.

De la contribution de l’université de Dschang à la compréhension du phénomène

Dans plusieurs travaux de recherche qu’on peut qualifier de « prophétiques », soutenus  à l’université de Dschang, les phénomènes naturels d’envergure de celui du 5 Novembre étaient envisageables. Plusieurs mémoires et thèses en ont fait leurs centres d’intérêt dans les départements de géographie, sciences de la terre et même à la Fasa. Une telle mobilisation de la communauté scientifique démontre a suffisance que le phénomène n’était pas isolé. Les résultats de ces travaux ont-ils été suffisamment vulgarisés ? Cela semble bien être une interrogation rhétorique mais toujours est-il qu’au lendemain de la catastrophe, précisément en date du 29 Novembre 2024, le recteur de l’Université de Dschang a signé une note qui conditionne les soutenances des étudiants en cycle de recherche, à produire un policy brief qui pourra servir de boussole au leaders politiques.

Outre ces mesures, une task force a été mise sur pieds par la même institution pour produire un livre blanc sur la fragilité des sols dans la région de l’Ouest avec une étude de cas sur la catastrophe de la falaise. Le conseil d’administration de l’université réuni en sa 51ème session le 27 Décembre 2024, a présenté ce livre blanc destiné à l’État du Cameroun. L’université de Dschang à travers cette production a une fois de plus joué le rôle que la société attend de l’académie. Par ailleurs, il convient de noter qu’un tel rapport est basé sur des faits empiriques et appréhendé sous le prisme scientifique et de ce fait rationnel. Cependant, la catastrophe de de la falaise est de plus en plus appréhendée sous un angle métaphysique.

Le poids des traditions ancestrales

La falaise de Dschang est devenue tristement célèbre du fait de nombreux accidents durant les 5 dernières années.

  • 21 morts et 38 blessés en janvier 2018
  • Le 27 janvier 2021, un accident frontal avait causé 29 blessés et 55 morts, dont 30 personnes brulées
  • Dans la nuit du 25 au 26 mai 2021, 5 morts et plus de 20 blessés à la suite d’un défaut de freinage.
  • Le 18 juin 2024, un accident impliquant un bus de 70 places et un camion fait un mort et 2 blessés.
  • Le 25 juin 2024, un minibus parti de Bamenda pour Douala fait 5 morts et au moins 25 blessés à la suite d’une défaillance du système de freinage du véhicule.
  • Le 1er juillet 2024, un bus perd le contrôle et percute le bas côté faisant 7 morts et plusieurs blessés graves.
  • Le 4 septembre 2024, un accident a lieu à 03H00 du matin et l’Hôpital Régional Annexe de Dshang reçoit 60 blessés et les corps de 8 voyageurs.
  • Cerise sur le gâteau, le 5 Novembre 2024, un double éboulements de terres a lieu. Le premier a 10h et le second à 14h ensevelissant les engins venus en secours ainsi que certains véhicules, causant la mort de 12 personnes, des engins ensevelis et plusieurs personnes disparues.

Cette série de drame interpelle également le monde de la mystique Africaine. Nous  nous sommes rapprochés d’un spécialiste de cette mystique, exerçant dans la ville de Dschang. Le docteur Ousmane Malik de la clinique « La nature ».

Selon ce phytothérapeute et docteur de la médecine traditionnelle, la falaise de Dschang a un problème ancestrale qu’il faut absolument résoudre : « le double éboulement de novembre était certes un phénomène naturel mais la falaise de Dschang a un problème ancestrale qu’il faut résoudre. Je l’ai toujours dit, cette route est le lieu d’habitation des esprits les plus avancés et des ancêtres qu’il fallait absolument déloger. Vous ne pouvez pas passer par chez quelqu’un sans lui demander l’autorisation et même lui donner un autre endroit où il doit s’installer. Il est temps que ce problème soit résolu. Les gens évoquent des voies de contournement. C’est bien beau mais si ces esprits sont appaisés, je vous assure que vous ne verrez plus de tels phénomènes. Il faut juste que l’État trouve les bonnes personnes capables de faire ces rites. J’ai mal quand je vois des familles faire un deuil sans corps. Vous ne pouvez pas imaginer ce que ça implique traditionnellement. Tout ça, ce sont des problèmes toujours à résoudre sinon ça va toujours nous rattraper« .

En attendant qu’une probable synergie de solutions puisse permettre un retour à la normale, la ville de Dschang subit de plein fouet cette catastrophe. Pratiquement tous les aspects de son économie sont impactés et un chapelet de difficultés désormais à l’ordre du jour.

Article rédigé par Valdo SIEWE

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