Ce troisième numéro des « Chroniques du Dr Momo Hubert » interroge les pratiques dans la célébration de Sainte Famille, une fête chrétienne célébrée le Dimanche qui suit le 25 Décembre.
Nous sortons de la célébration de la sainte famille de Nazareth. Le diocèse de Bafoussam comme beaucoup d’autres diocèses d’ailleurs ont proposé, à travers le service diocésain en charge de la pastorale familiale quelques grandes orientations pour rentrer dans l’intelligibilité de cette fête. En parcourant le document de ce service, on constate rapidement que l’intuition originelle repose sur la mise en avant des valeurs familiales. Intuition fort appréciable. En effet, dans un contexte où les valeurs de la famille sont exposées à une érosion permanente, la volonté d’une mise en lumière de l’idéal de la famille ou famille idéale peut être intéressante. Cet intérêt me semble dépasser de part en part le cadre d’une pastorale évènementielle qui, par endroits, a emprunté les contours d’une visibilité exacerbée au point d’oublier la décence requise dans une assemblée dominicale fortement hétérogène et bigarrée.
« L’événementialisation pastorale »
L’évenementialisation pastorale dont je parle, a pris le chemin de la procession d’entrée en famille, prière universelle en famille, installation à l’église en famille… (Certaines familles avaient confectionné des tenues uniformes pour tout le monde). Elle a retrouvé une surbrillance significative dans les propos de certains célébrants qui demandaient d’applaudir pour les familles présentes, d’acclamer les couples mariés, d’applaudir pour ceux qui sont assis avec leurs enfants… Ces démarches de la pastorale évènementielle, si elles ont un fort potentiel de lisibilité, reposent sur une superficialité notable et un manque criard du sens pastoral.
Inscrire la valorisation sur ce chemin, c’est par le fait même dévaler la pente des postures clivantes, dichotomiques et culpabilisantes. Surtout quand rien n’est dit à l’endroit de ces « blessés de l’amour », ou de ceux qui se retrouvent dans des situations malgré eux et qui pourtant sont à l’église et en Église. Dans ces envolées déclamatoires, avons-nous pensé au veufs et veuves ? Aux couples sans enfants ? Aux conjoints abandonnés ? À tous ceux qui ont toujours voulu être en couple et qui ne le sont pas ou plus ? Entre la sanctuarisation d’un idéal et la consécration de la transgression il y a un gap. Il y a surtout de la place pour tracer un sillon de sollicitude pastorale qui sait apprécier et relever, sans marqueurs de victimisation et de frustration.
Chronique rédigée par Dr Momo Hubert.